La douce et attachante comédie du duo Eric Tolédano et Olivier Nakache vient tout juste d’atteindre la barre des 12 millions de spectateurs. On pourrait se demander qu’elle est la clé d’un tel succès et comment arrive t’on à faire d’une simple comédie, une triomphe du box office.Je pense que la réussite d’Intouchables repose sur le duo des deux acteurs principaux, François Cluzet et Omar Sy.
L’union d’un bon duo est souvent un super cocktail pour accomplir un chef d’œuvre. On a pu rencontrer ce phénomène avec les binômes Bourvil/de Funés dans "La grande vadrouille" (17 millions de téléspectateurs), Clavier/Reno dans "Les Visiteurs" (13 millions ), Villeret/L’Hermitte dans "Le diner de cons" ( 10 millions) ou encore Dany Boon/ Kad Merad dans "Bienvenue chez les Ch’tis" (20 millions ).
Ces films caracolent au top 5 du box office français.
L’alliance d’un tandem que tout oppose fait inévitablement rire, Intouchables n’en sera point l’exception.
En effet, les deux personnages principaux, Philippe et Driss sont en opposition presque caricaturale : Le premier est un riche aristocrate qui, suite à un accident de parapente, est condamné à finir sa vie dans un fauteuil roulant. Il se refugie alors dans un monde de musique classique où il hiberne entre les murs étouffés de sa lourde tapisserie de son hôtel particulier haussmannien. Toujours élégant et classique, il est vêtu d’un costume, habillé d’un foulard ou autre béret. Il vit dans son monde où tout est réglé à la minute et qui ne laisse place à fantaisies ou spontanéité. Ses hobbies sont artistiques, culturels et intellectuels. Il est assez silencieux et discret.
Driss lui, « grand frère » de la cité, tout juste sorti de prison, privilégie plutôt Earth Wind and Fire et pétards que Chopin et Monte Cristo. Il nous apparaît comme vif, enjoué et quasi incontrôlable de vivacité. Silhouette plutôt sportive, chewing gum à la bouche, il est la plupart du temps vêtu d’un survêtement de sport et d’une veste en cuir, ainsi qu’un diamant à son oreille, son rire est éclatant et communicatif.
Tout sépare ces deux hommes, aussi bien leurs origine que leur milieu social, leurs préférences et leurs centres d’intérêts, leurs styles vestimentaire et apparence physique.
Pourtant, dès la première minute de présentation, une alchimie évidente se crée entre les deux protagonistes et ne les lâchera pas tout au long du film. Nous sommes alors spectateurs de la naissance d’une amitié et solidarité que tout sépare. L’alliance de deux clichés : l’handicapé et le jeune des cités, le riche et le pauvre.
Au delà des différences que possèdent les deux héros, je pense que la puissance de ce film réside également dans les divergences que détiennent les deux acteurs. En effet, François Cluzet est un acteur accompli, faisant parti de la grande famille de l’élite du cinéma français, privilégiant les films d’auteurs aux cartons du box office. A l’inverse, Omar Sy malgré des performances remarquées dans « Tellement proche » ou encore « Nos jours heureux », des même auteurs Eric Tolédano et Olivier Nakache, il a toujours gardé son image de clown du SAV de Canal +. En effet, sa représentation restait alors cantonnée au rigolo de service. Aujourd’hui son couple avec François Cluzet l’a porté vers le haut, une dimension plus sérieuse et profonde s’offre alors à lui.
Tous, acteurs, réalisateurs et spectateurs ressortent grandi grâce à ce film. Voilà ce qui définit pour moi un chef d’œuvre.
La cause d'Intouchables est bonne et noble, le sujet est sérieux et casse gueule; l’humour aurait pu en ressortir grinçant et désinvolte, pourtant Intouchables est un déluge d’impertinence, une ode à l’optimisme et à la tolérance.
Pour ma part, dans un monde où le cinéma est dominé par le sexe, la propagande et les effets spéciaux, Intouchables est une réelle éclaircie qui ne se goute avec modération.
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